tzvetan Todorov
viernes, 7 de septiembre de 2018
Liberté de conscience.
La tutelle sous laquelle vivaient les hommes avant les Lumières était, en tout premier lieu, de nature religieuse ; son origine était donc à la fois antérieure à la société présente (on parle dans ce cas d’« hétéronomie ») et surnaturelle. C’est à la religion que s’adresseront les critiques les plus nombreuses, visant à rendre possible la prise en main par l’humanité de son propre destin. Il s’agit toutefois d’une critique ciblée : ce qu’on rejette, c’est la soumission de la société ou de l’individu à des préceptes dont la seule légitimité vient de ce qu’une tradition les attribue aux dieux ou aux ancêtres ; ce n’est plus l’autorité du passé qui doit orienter la vie des hommes, mais leur projet d’avenir. Rien n’est dit, en revanche, de l’expérience religieuse elle-même, ni de l’idée de transcendance, ni de telle doctrine morale portée par une religion particulière ; la critique vise la structure de la société, non sur le contenu des croyances. La religion sort de l’État sans pour autant quitter l’individu. Le grand courant des Lumières se réclame non de l’athéisme, mais de la religion naturelle, du déisme, ou d’une de leurs nombreuses variantes. L’observation et la description des croyances du monde entier, auxquelles se livrent les hommes des Lumières, n’ont pas pour but de récuser les religions, mais de conduire à une attitude de tolérance et à la défense de la liberté de conscience.
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